Code vestimentaire

Argumentaire

Quelles sont les raisons qui ont poussé votre établissement à accepter les gilets bedaines?

Le processus qui a mené au changement dans le code vestimentaire a été initié par des élèves féminines qui sont se plaintes du code vestimentaire et de la façon dont les adultes de l’école intervenaient auprès d’elles.  Un sous-comité d’élèves a été mis en place, les jeunes ont produit un argumentaire pour justifier la nécessité d’un changement en profondeur du code vestimentaire existant (voir fichier joint).  Cet argumentaire a été présenté au Conseil d’établissement qui a autorisé la poursuite du chantier.  Un comité d’intervenant.e.s s’est alors penché sur la situation.  Le comité était composé de membres de tous les corps d’emploi de l’école et diversifié quant à sa composition : hommes-femmes- jeunes intervenant.e.s et plus âgés (l’un de nos  surveillants d’élèves qui y participait a 73 ans).  Ils se sont formés avec les nouvelles recherches sur la question et ont été accompagnés par une sexologue pour la suite de la démarche.

Un sondage a été réalisé auprès des élèves et du personnel de l’équipe-école.  Les résultats ont été présentés et discutés en comité et en assemblée générale de l’ensemble du personnel (voir pièce jointe Code vestimentaire de la Seigneurie et Code vestimentaire – visuel).

Les intervenant.e.s ont été formés sur l’intervention à privilégier auprès des élèves pour ne pas leur causer préjudice et être dans le respect des valeurs du code vestimentaire.

En quoi ce règlement apportera-t-il plus aux filles?

Le code vestimentaire se veut une démarche d’égalité entre les élèves, vous comprendrez que les interventions étaient à plus de 95 % dirigées envers les filles.  Comme établissement, nous avons la conviction que l’éducation, autant des filles et des garçons, est primordiale dans l’apprentissage du consentement, du respect de la différence et de l’acceptation de l’image corporelle.  L’ancien code vestimentaire s’inspirait des valeurs religieuses voulant que les filles devaient cacher leur corps afin de ne pas créer d’envies chez les élèves de l’autre sexe. Depuis quelques années, l’accent est mis sur l’éducation – voir la section Cela perturbe les garçons. C’est pour protéger les filles dans l’argumentaire.  Le ventre n’est pas une partie intime, nous voulons que les jeunes se sentent bien et en sécurité dans leur milieu de vie.

N’hésitez pas à nous soumettre vos questionnements, notre équipe demeure disponible pour y répondre.

Aïsah-Diane Mantah – Direction adjointe de 5e secondaire, responsable du comité tenue vestimentaire

Code vestimentaire 2023-2024 - démarche

Voici la présentation de la démarche :

À la suite de la démarche entamée en 2021-2022, le mandat de notre équipe était d’élaborer en 2022-2023 une « Règlementation minimaliste et non genrée : les vêtements doivent assurer la sécurité de l’élève, les parties intimes doivent être cachées en tout temps et les messages véhiculés doivent être en cohérence avec le milieu éducatif. »

L’équipe a révisé en profondeur l’ancien code vestimentaire avec l’objectif de simplifier non seulement les règlements, mais aussi leur application.

1. Tête
« À l’école secondaire de la Seigneurie, on garde notre visage visible et notre tête découverte (à l’exception des signes socialement reconnus comme étant associés à une appartenance religieuse ou culturelle ou de dérogations médicales). La tuque, le chapeau et la casquette doivent être retirés en arrivant au casier et y demeurer en tout temps. Le capuchon doit demeurer sur le dos. »

2. Corps
« Les vêtements doivent être fonctionnels », c’est-à-dire permettre des déplacements sécuritaires et favoriser le confort et l’aisance.

Les vêtements doivent couvrir les parties intimes en toute circonstance. Les sous-vêtements ne sont pas des vêtements. Les vêtements transparents sont autorisés, s’ils sont portés par-dessus un vêtement opaque.

On laisse chez soi les vêtements promouvant la violence, le sexisme, la discrimination, la diffamation, la haine et la criminalité. »

3. Pieds
« Pour une question de sécurité, le port des chaussures avec semelles rigides est obligatoire en tout temps », par exemple : sandales ou « crocs », espadrilles, pantoufles North Face, etc.

4. Manteau d’hiver
« Les manteaux d’hiver doivent rester dans le casier. »

5. Accessoires
« Les sacs d’appoint et sacs à dos doivent rester dans le casier. Seuls les étuis pour les appareils électroniques sont autorisés.

Visuel du code vestimentaire

Argumentaire code vestimentaire

Flavie:
Les codes vestimentaires sont instaurés dans les écoles depuis qu’elles existent. Selon le point de vue de certaines personnes, il est pertinent et important de cacher les corps féminins sous prétexte qu’on ne va pas à l’école «pour se faire voir, pour améliorer son estime de soi ou pour exprimer sa personnalité, mais pour apprendre, c’est-à-dire : pour dialoguer avec le passé et pour échapper aux dictats de l’époque.» (Richard Martineau)

L’école n’est pas un endroit pour ça
Un code vestimentaire interdisant les camisoles, les jupes et les pantalons courts ne bénéficie pas aux élèves. Un garçon soi-disant «distrait» par la peau visible d’une de ses compagnes de classe ne devrait pas être un prétexte pour imposer des règlements sexistes.

Pourquoi l’école ne serait pas un lieu valorisant, égalitaire et sécuritaire qui donnerait aussi la chance aux élèves d’apprendre et d’évoluer en tant qu’humain? Si, dans les écoles, on acceptait le port de n’importe quel vêtement (excluant ceux contenant des
messages de violence et de haine par exemple) pour tout le monde, les élèves, à notre sens, se sentiraient plus acceptés. L’école est une institution qui devrait accepter les jeunes tels qu’ils sont sans brimer leur liberté d’expression; liberté qui se traduit aussi dans les choix vestimentaires.

Bien sûr, il est important de faire preuve de décorum, mais revendiquer l’abolition de certaines règles des codes vestimentaires des écoles ne signifie pas que nous voulons arriver le matin en bikini ou les seins à l’air. Nous voulons simplement que tous et toutes aient la chance d’exprimer leurs idées et leurs personnalités.

Il est évident que ces règles, qui relèvent de ces types de vêtements, touchent en grande majorité les filles ou les personnes possédant un corps féminin. Même si l’on essaie de ne pas les toucher en majeure partie, cela finit toujours par être le cas
avec ce type de règlement. Se sentir jugé.e constamment par la société à cause d’un choix vestimentaire et en plus que l’école appuie cette pensée n’est pas agréable. D’autant plus que nous constatons plusieurs incompréhensions et irrégularités dans l’application de ces règles, autant chez les surveillant.e.s que chez les enseignant.e.s. Ainsi, les filles, pour la majeure partie d’entre elles, se voient régulièrement “attaquées” par des avertissements qui ne semblent pourtant pas suivre notre actuelle ligne de conduite du code vestimentaire. Aussi, il y a inégalité entre le sexe féminin et le sexe masculin, puisque des règles qui s’adressent plutôt aux garçons semblent moins faire l’objet de répréhension pour ces derniers. Ces deux cas ont pour conséquence que les filles se sentent telles des cibles vulnérables au sein de notre école.

C’est pour vous préparer à votre incessant emploi
Nous sommes bien conscient.e.s que les règles de l’école nous préparent à entrer sur le marché du travail, où un code vestimentaire sera probablement imposé. Il faut noter les différences entre l’école et le marché du travail : l’école est un endroit où
l’on vient apprendre autant des notions de mathématiques que la manière dont développer son estime de soi, tandis que lorsqu’on va au travail, le but est d’accomplir des actions qui feront rouler l’économie et la société. Par exemple, il est normal d’exiger un code vestimentaire à des employé.e.s d’une pharmacie pour que les client.e.s puissent bien les reconnaître, mais il n’est pas logique d’interdire à un.e élève de s’habiller comme il.elle le veut dans un endroit où il.elle est censé.e se construire une identité.

Cela perturbe les garçons. C’est pour protéger les filles.
En quoi les codes vestimentaires promeuvent-ils la culture du viol et l’hypersexualisation?
Une jeune fille venant à l’école en camisole ne se sexualise pas elle-même, c’est la société qui hypersexualise son corps en lui disant de le cacher. L’hypersexualisation est l’action de sexualiser ce qui ne l’est pas, par exemple des épaules, un dos et un ventre. Les codes vestimentaires véhiculent le message que certaines parties du corps méritent d’être cachées, alors qu’elles font partie de l’anatomie humaine. C’est en partie à cause de l’hypersexualisation du corps féminin que la culture du viol est encore si présente. Puisque demander à quelqu’un ayant un corps féminin de se couvrir pour se «protéger» et parce que cela perturbe les garçons, car ceux-ci ne peuvent soi-disant pas se contrôler, c’est encourager la culture du viol. En effet, c’est véhiculer le message que c’est de la faute à la victime. La culture du viol est une expression qui sert à nommer une attitude sociale et culturelle qui, constamment,
ramène la responsabilité d’un viol sur la victime elle-même. En effet, si l’école apprend à la gent masculine que c’est aux femmes à se cacher et non que c’est à eux de se contrôler, l’école passe à côté de deux de ses trois compétences, soit celle d’instruire et de socialiser ses jeunes.

Dire que c’est à la demoiselle de se couvrir, car cela est distrayant, n’a pas de sens. Au contraire, ce devrait être le rôle des distraits de se borner et non aux distrayantes de se cacher. C’est un peu comme si les jeunes hommes possédaient des fusils et
que si une jeune femme se faisait atteindre par le projectile, ce serait sa faute, puisqu’elle ne portait pas de veste par balle.

– Sous-comité du Code vestimentaire, mai 2022